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Photo du rédacteurPulse / Eric Miternique

Crise sanitaire : vers une mode plus éthique ?







Les deux confinements, en particulier le premier où tout s’est arrêté, ont-ils permis de s'interroger sur notre garde-robe ? Consommation responsable, retour aux circuits courts, ralentissement de la surconsommation, plusieurs tendances – déjà bien développées - ont trouvé matière à se renforcer.


Ce vendredi de Black Friday / Green Friday si particulier marquera-t-il un tournant dans notre rapport à l'habillement, après déjà deux confinements ? Pour lutter contre la surconsommation, des collectifs, associations, et entreprises sensibilisent un grand public qui semble de plus attentif à ces questions économico environnementales.

Avant même le début de la pandémie, fin octobre dernier, près de 2 Français sur 3 (65%) affirmaient que "l’engagement des marques et des entreprises en matière de développement durable constitue un critère de choix important au moment de leurs achats mode/habillement" (étude Ipsos / C&A).


L'exemple du Slip Français

L’entreprise connue notamment pour ses caleçons en ligne fabrique 100% français "_jusqu’à la boîte de livraison_, à l’exception de la matière première le coton, qui, aujourd’hui, ne pousse pas en France" explique son fondateur Guillaume Gibault.

Cette société née il y a dix ans et dont l'usine principale se situe à Saint-André-lez-Lille ne participe pas au Black Friday. Mais elle assure reverser les bénéfices de la journée à une association qui tente de créer une nouvelle fibre : "un coton local, un coton recyclé à partir de vieux vêtements" précise-t-il. "La culture du lin, moins gourmande en eau, est une solution, comme la laine, même si c’est moins adapté pour un sous-vêtement" reconnait l’entrepreneur.


Produire, consommer 100% français ?

"Des produits de mode 100% français ? Oui, mais à quel niveau ? A quel prix ? Quel type de produits ? Produire local pour consommer local est moins facile à faire pour les vêtements" tempère Nathalie Ruelle, professeure à l'Institut français de la mode. Selon cette spécialiste des politiques industrielles, il s'agit d'"un produit transformé, bien plus complexe que les fraises, les asperges ou les potimarrons français".

La crise sanitaire a mis en lumière la volonté d'un monde plus écologique, un ralentissement de la surconsommation, et une industrie vestimentaire (encore) plus éthique. Mais ces tendances "ne représentent pas la garde-robe complète d’une personne en France".


Schizophrénie du consommateur

La crise sanitaire accentue le clivage entre deux manières de consommer : consommer pour combler un vide tout en consommant moins et mieux. "L'acheteur a soif de transparence, et de traçabilité.", assure l’experte, notamment sur l’origine des vêtements qu’il porte. C’est ainsi, selon elle, que le consommateur se responsabilise en interrogeant ses pratiques.

Etre éco-responsable a autant de déclinaisons qu’il existe de personnes. Privilégier une entreprise qui reverse une partie de ses bénéfices à une association pour apprendre aux femmes ou hommes en prison à coudre. Mais aussi entretenir davantage son produit en le lavant moins, revendre un vêtement, moins acheter de manière compulsive, et donc moins gaspiller. Nathalie Ruelle

"Et consommer un produit de seconde main" complète Nathalie Lebas-Vautier, fondatrice de Good Fabric - qui propose d’ajuster le modèle économique des entreprises vers des produits plus respectueux de l’environnement et des droits humains. "Un mouvement de fond" puisque en 2019, 40% des consommateurs ont acheté un produit de mode de seconde main, "un marché qui a triplé depuis 2010" souligne-t-elle, notamment boosté, pendant le confinement, par les ventes en ligne et qui redorent l’image surannée de la friperie.





Article paru sur France Inter / Par Sarah D'hers

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